Les entrepôts de la B/L industries venaient de sauter et des centaines de milliers de pilules du bonheur flottèrent encore quelques instants dans les airs avant de retomber sèchement telle une pluie de gravier. Jet-Star se releva péniblement, secouant de la main ses épais cheveux bouclés afin d’en déloger les gélules qui y étaient prisonnières. En se détachant, elles rebondissaient sur un petit corps avant de rouler sur le béton. Beaucoup de sang s’échappait de ce petit corps immobile. Beaucoup trop de sang. Lorsqu’il baissa les yeux et vit l’enfant, Jet-Star tomba à genou près de la dépouille dont il devait pourtant assurer la sécurité. Sa peine le paralysait tellement qu’il ne sortit même pas son arme lorsque deux agents de la B/L ind s’approchèrent de lui pour vider leur chargeur contre sa poitrine.
Ils avaient eu l’enfant. Ils avaient eu Jet-Star.
Fin de l’acte I
Tout à coup, les ados devinrent fous et grimpèrent sur l’estrade qui nous servait de scène. Les cheerleaders affolée lâchèrent leurs pompons et tentèrent de s’enfuir. Je fus projette à terre et piétiné, mais je continuais à serrer le pied du micro de toutes mes forces, comme s’il pouvait m’être d’une quelconque utilité dans cette révolution. Une lourde semelle m’écrasa le ventre, tandis que d’autres frappèrent mes tempes et m’arrachèrent un lobe. La douleur saisit l’entièreté de ma carcasse. Tellement de corps en furie m’étouffaient que je ne percevais même plus le plafond. Plongé dans l’obscurité de la foule, je n’entendais même plus mes propres hurlements. Une autre basket passa à travers mes côtes. Les échardes escarpées ainsi formées par mes os me perçaient les poumons.
This is how I, Gerard Way, disappear.
Fin de l’acte II
La tête baissée, Frank longea l’autel avant de faire le signe de croix en se penchant sur la dépouille de son amie. Dans son cercueil d’ébène, elle semblait simplement assoupie. Pâle mais tellement vivante. La cérémonie n’allait pas tarder à commencer mais personne n’avait encore franchit l’imposant seuil en pierre de l’église. Quant au prêtre, il réglait les derniers détails avec la famille dans le presbytère. Frank et Helena étaient seuls, comme avant, dans l’intimité de sa chambre. Il ne sait pas trop comment cette idée saugrenue lui est venue mais il souhaitait tant goûter une dernière fois à ses lèvres. Les joues ruisselantes de larmes, il se pencha sur la bière et son occupante. Debout sur la pointe des pieds, il approcha lentement ses lèvres du cadavre. Alors qu’il goûta à la fraîcheur immonde de la Mort, les deux mains de la défunte vinrent enserrer puissamment sa gorge, l’attirant à elle tout en l’étranglant et déchirant passionnant ses lèvres dans un baiser cruel. Frank ne se débattit pas longtemps et s’évanouit en retombant dans le cercueil qui se referma aussitôt sur le couple. Enseveli vivant avec le monstre.
Fin de l’acte III
L’ombre sinistre de la grande roue s’étirait sur une bonne partie du parc. Elle semblait danser avec les rayons de la lune lorsque les nuages passaient devant cet astre. Mikey frissonna d’inquiétude, de peur et de froid, mais il poursuivit son chemin parmi les allées de la fête foraine désertique tant l’impatience le rongeait. La plus belle fille du New-Jersey, voire de la Côte Est, lui avait donné rendez-vous au pied de la grande roue à minuit. Une occasion pareille, pas même la peur provoquée par une chauve-souris qui venait de lui raser le crâne ne pouvait faire reculer Mikey. L’amour donne des ailes. Il se hâta et arriva rapidement au pied de l’immense roue métallique. Aucune trace de la fille. Il se dit qu’il devait être en avance et s’assit donc sur la barrière devant l’attraction. Quelques instants plus tard, il sursauta quand un bruit métallique brisa le silence. Mikey en chercha l’origine et fit bientôt une découverte qui lui figea le sang. Le bruit provenait d’un immense crochet qui avait percuté l’une des barres qui retenait la roue. En l’examinant de plus près, il vit que du sang avait séché sur l’affreux crochet. Il voulu s’enfuir mais une marée d’êtres démoniaques surgit de nulle part l’avaient encerclé et lui barrèrent la route. « Envie d’essayer le crochet, petit ? »
Fin de l’acte IV, et du reste…