Comme vous allez le comprendre très vite, je souffre en ce moment d'un très forte addiction à Benjamin Kowalewicz et Chris #2.
Independence Day – Elliott Smith
How It Goes – Billy Talent
Get Out – Not Available
Février 2006
La neige.
La neige !
C’est la première chose que je vis par ma fenêtre ce matin là. Enfin, il neigeait. J’avais attendu ça pendant longtemps. Après tout, nous n’avions encore une fois pas eu de Noël blanc, et, forcée de rester à Paris pour travailler, la neige m’avait manquée. Toutes les rues recouvertes d’un doux manteau blanc, et les flocons tombent encore !
Je m’habille en vitesse, mais chaudement malgré tout, avant de descendre les 12 volées de marche qui me séparent du rez-de-chaussée. Enfin dehors !
Je respire profondément. Rien n’est différent, je le sais bien, mais pourtant, grâce à la neige et au froid qui vient me mordre les joue et maintenant les poumons, j’ai l’impression que ce jour est nouveau. Déjà les flocons se sont accumulés sur mon long manteau noir.
Où aller ? La ville m’est offerte. Tout semble être à redécouvrir par ce temps. Je décide de marcher plutôt que de prendre le métro. Les gens semblent différents, sortis du visage impassible qu’ils portent habituellement, aujourd’hui, ils sont soit agacés, soit amusés par les glissades pas toujours contrôlées que la neige leur fait faire.
Déjà les voitures viennent briser sous leurs pneus la neige fraichement tombée, laissant de longues traces noires sur son manteau, comme des cicatrices. Ça ne me chagrine pas. Elle tombe encore, et recouvrira peut être tout ça.
Après vingt bonne minutes de marche, me voilà dans un de mes endroits préférés de la ville. Les bancs ne sont pas occupés, parce que personne ne veut s’attarder dehors par ce temps généralement. Et puis ils sont couverts de neige. Je monte sur le banc, et m’assois sur le dossier, mes pieds reposant sur l’assise. La vue est sublime, toute la ville semble être à mes pieds. J’adore cet endroit. Il ne manque qu’une seule chose.
Délaissant un moment ma vue sur la ville enneigée, j’ouvre mon sac et plonge la main à l’intérieur pour y trouver mon mp3. Voilà ce qui manque.
Le silence est parfois extrêmement reposant, parfois pesant. Toujours est-il qu’aujourd’hui il ne convient pas. Posant mon casque sur mes oreilles, je laisse les douces mélodies d’Elliott Smith remplir ce moment. Vient Independence Day…
Laissant s’échapper de petits nuages de fumée de ma bouche, je fredonne les paroles tout en laissant mon regard se promener sur les alentours. Des gens passent autour de moi, et plus loin aussi. Mais aucun ne semble apprécier la vue pourtant sublime sur Paris enneigée.
Paris.
Dire que des tas de gens dans le monde tueraient pour être là, à leur place, avec ce spectacle à portée d’yeux. Mais non, ils passent tous sans s’en soucier. Cette femme, là, qui promène son chien. Ou encore ce lycéen qui doit, vu sa démarche, être en retard en cours.
Oups. Changement de chanson, changement de registre. How It Goes, par Billy Talent, me donne l’envie impérieuse de bouger, et je me remets donc à marcher, sans but précis, me retenant de ne pas sauter au rythme de la musique. Mes pas me conduiront dans une station de métro. Ligne 2, Anvers. Je monte dans un métro, sans me soucis de la direction. Les stations défilent, tout comme les chansons et mes pensées.
Après plusieurs semaines de soucis plus ou moins importants, aujourd’hui est le premier jour depuis pas mal de temps où je me sens plutôt bien. J’ai pas mal de boulot à faire, mais ça peut attendre encore un peu. La neige doit certainement y être pour quelque chose, et détourne mes pensées. Tant mieux. On verra quand tout ça sera passé, mais pour le moment, j’ai le sourire aux lèvres.
Not Available – Get Out.
Je sors du métro, et regarde autour de moi pour savoir où je suis. Où est ce foutu panneau. Les gens sur le quai m’empêche de voir. J’aimerai être un peu plus grande parfois… Un troupeau, sorti du métro, se dirige vers la sortie la plus proche, cherchant parfois sont chemin, mais le trouvant la plupart du temps assez rapidement. Sauf deux ou trois touristes égarés bien sûr.
La masse de gens se dissipe enfin, et je réalise que je suis à Etoile. Je cherche la sortie sur les Champs Elysées, et mon regard s’arrête sur celui d’un homme cherchant lui aussi la bonne direction.
Nous échangeons un sourire un peu gêné, conscient d’être tous deux un peu perdus, et je me dirige vers ma sortie, avec la vague impression d’avoir déjà vu cet étranger. Boarf, il m’a surement fait penser à quelqu’un, voilà tout.
Je sors mon mp3 de ma poche et change les chansons tout en marchant jusqu’à en trouver une qui convient à mon humeur. Ah War Sucks, Let’s Party, par Anti-Flag. Parfait, bien énergique, j’aime marcher en même temps que cette chanson, et puis la ligne de basse est tout bonnement gé… La ligne de basse. Attends. Est-ce que ?
Je m’arrête en plein doute, et en plein couloir de métro. J’ai un doute. Ne tenant plus, je reviens sur mes pas. Arrivée sur le quai je le cherche des yeux. Cet « étranger ». Il n’est plus là.
Ah si ! Il ne regarde plus le même plan et est juste un peu plus loin. J’enlève mon casque, depuis lequel raisonne maintenant une autre chanson, je ne sais même pas laquelle, et regarde l’homme en question. Il me tourne le dos, ça aide pas. Et puis reconnaitre une mohawk sous un bonnet, c’est pas facile. Bon allez, je tente. Je m’approche donc et demande :
« Hey do you need some help ? »
Entendant ma voix, il se redresse et se tourne vers moi.